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Memoria e Ricerca

L’Ypres Salient come luogo della memoria europea? Public History e turismo di guerra dal 1919 ai giorni nostri

di Delphine Lauwers
in Memoria e Ricerca n.s. 37 (2011), p. 87


Le Saillant d’Ypres comme lieu de mémoire européen ? Public History et tourisme de guerre de 1919 à nos jours

Les lieux de mémoire de guerres sont l’un des terrains de prédilection de la Public History, principalement à travers la mise en place d’un tourisme lié à ces sites1. La Public History, développée dans les années 1970 aux Etats-Unis sous l’influence d’un courant britannique, conçoit le rôle de l’historien comme dépassant la sphère étroite du monde académique. De manière assez large et quelque peu minimaliste, la Public History peut être définie comme suit : « Public history refers to the employment of historians and historical method outside of academia »2. Malgré toutes les difficultés que présente la définition de la Public History, cette discipline est maintenant bien institutionnalisée aux Etats-Unis, notamment à travers la création du National Council on Public History et la publication, depuis 1978, de la revue The Public Historian. Toutefois, en Europe continentale, ce concept est parfois mal interprété et est souvent confondu avec des usages idéologiquement ou commercialement orientés de l’histoire, voire avec une pratique non-scientifique de l’histoire3. En Belgique, la Public History est pour ainsi dire absente des formations universitaires du côté francophone du pays. Toutefois, du côté flamand, cette discipline commence à s’implanter. Ainsi, l’Instituut voor Publieksgeschiedenis (Institut d’histoire publique), tout récemment créé, est un centre regroupant les quatre grandes universités flamandes et proposant de nombreuses activités d’enseignement et de recherche4. Cependant, la Public History reste absente du côté francophone de la Belgique. Quoi qu’il en soit l’historien, en ces temps de « commémorativite » -pour reprendre l’expression d’Antoine Prost5-, se doit de plus en plus de répondre à une demande de la part d’une société en quête d’intelligibilité de son passé.

Dans ce cadre, les lieux de mémoire de guerre sont un théâtre privilégié où s’exerce depuis longtemps, sous différentes formes et sans en porter le nom lui-même, la Public History. Le tourisme de guerre, que l’on pourrait qualifier de forme par excellence de l’heritage tourism6 n’est pas un phénomène récent7. Toutefois, sa mise en œuvre recèle de nombreux défis, le moindre n’étant pas d’atteindre un équilibre entre l’aspect récréatif lié au tourisme et le respect exigé pour les lieux de mémoire des guerres8. En outre, étroitement lié à la constitution des identités et mémoires collectives9, cette forme de tourisme mène souvent à des conflits mémoriels. Nombre de destinations fréquentées dans le cadre du tourisme historique sont en effet contestées, qu’il s’agisse de sites abritant un patrimoine significatif, tels que Stonhenge10, ou de lieux associés à des conflits, comme la prison de Changi à Singapour11. Le Saillant d’Ypres représente quant à lui un espace mémoriel proprement transnational. La pratique du tourisme de guerre y a longtemps été marquée par des tensions liées à l’appropriation des lieux de mémoire, à la préservation du patrimoine et aux identités collectives des différents belligérants.

La mémoire de la première guerre mondiale appartient aujourd’hui aux descendants de ceux qui l’ont connue directement. Nous sommes donc passés à la ‘mémoire historique’ de la Grande Guerre, loin d’être moribonde. Au contraire, le grand public semble s’y intéresser de plus en plus. C’est particulièrement le cas en Grande-Bretagne, où la Grande Guerre occupe un espace mémoriel important12 et où le Saillant d’Ypres tient une place de choix. Le présent article va tenter d’explorer de quelle manière la Public History a été pratiquée dans cet espace mémoriel, principalement à travers le tourisme de guerre et le développement des infrastructures qui y sont liées. Il s’agit de voir ici de quelle manière cette zone a été interprétée et présentée au grand public tout en insistant sur les évolutions de ces pratiques depuis l’entre-deux-guerres. Nous verrons notamment que, durant les dernières décennies, les autorités locales et régionales ont tenté d’exploiter ce patrimoine historique à des fins politiques.

  1.  Le Saillant d’Ypres comme lieu de mémoires



Figure 1: Carte du Saillant d’Ypres après les batailles de 1914, 1915, 1917 et 1918. [HTTP://WWW.CWGC.ORG/YPRES/ADMIN/FILES/YPRES%20MAP%202.JPG].

Le Saillant d’Ypres13, situé en Flandre (Belgique), fut l’un des secteurs les plus agités et les plus meurtriers du front de l’ouest. De nombreuses batailles ont eu lieu le long de ce demi-cercle et la plupart d’entre elles ont été menées par les troupes impériales britanniques, qui ont défendu ce secteur au prix d’immenses sacrifices, et ce durant quatre ans. La ville d’Ypres et ses environs ont très rapidement acquis une valeur symbolique forte pour de nombreux contemporains du conflit, parmi les soldats comme parmi les civils. Au sein de l’Empire britannique, le Saillant d’Ypres a été totalement sacralisé. Aux raisons stratégiques -certes importantes- qui ont présidé à sa défense, il apparaît que des considérations symboliques se sont rapidement ajoutées: « [i]t is said that Ypres and the Salient are chiefly retained for sentimental reasons. This is true (…). It is only a heap of ruins, but it is an eternal memorial of British valour »14.

La destruction graduelle de la ville d’Ypres a suscité une vague d’indignation mondiale. Un lien symbolique a en effet rapidement été établi entre les victimes humaines et les victimes « culturelles » de la Grande Guerre, à savoir les monuments détruits. « Les lieux avaient autant d’importance que les corps (…) comme symboles de la nation violée »15. Dans le cas d’Ypres, c’est avant tout la destruction des monuments historiques qui choqua les contemporains du conflit. Les Halles aux draps et la Cathédrale Saint Martin, toutes deux érigées dans le courant du XIIIème siècle, sont devenues des emblèmes de l’héroïsme impérial britannique. Rapidement, des voix s’élevèrent en faveur d’une préservation future des ruines d’Ypres et de certains champs de bataille environnants. À tel point que les autorités locales en exil prirent dès 1916 des mesures en vue de s’assurer de ce que la ville serait bel et bien reconstruite16.

Figure 2: Vue des Halles aux Draps et de la Cathédrale Saint-Martin (en arrière plan), avant et après la guerre. [AVANT ET APRÈS LA DESTRUCTION D’YPRES, ALBUM-VUES, SÉRIE 1, BRUXELLES, ERN. THILL – NELS, S. D.]



Plusieurs facteurs contribuent à expliquer la place particulière qu’occupe le Saillant d’Ypres dans les mémoires collectives britanniques: « There were other British battlefields, where the test came. The fields of the Somme were the fighting grounds and the graveyards of thousands of gallant men (…). But the Ypres Salient is especially the greatest Battleground of the British race. All our divisions passed through the furnace there at one time or other. Not one of them escaped that ordeal, and by general consent, it was the worst place of all »17. En outre, la décision du gouvernement britannique de ne pas rapatrier les quelques 250 000 corps des soldats tombés dans le Saillant d’Ypres est venue renforcer encore l’importance de ce paysage dans les mémoires collectives18.

À la fin de la guerre, la zone était entièrement détruite, mais cependant dotée d’une nouvelle valeur symbolique forte. Ce paysage était devenu une partie de l’Empire à l’étranger : « during its past history Ypres has been Flemish, Spanish, French, Dutch and Belgian; but no matter what flag flies or whether it arises from its ruins, it must be forever British »19. Il ne faisait aucun doute, déjà pendant le conflit, que le Saillant d’Ypres allait attirer de nombreux visiteurs dès que la guerre serait finie: « there [would be] many thousands of people who [would] want to see the ground over which the fighting took place »20. Mais pour les populations locales, qui ont passé la totalité du conflit en exil, Ypres et ses majestueuse Halles aux Draps symbolisaient plus la grandeur passée de la Flandre médiévale que les faits d’arme des troupes impériales britanniques. Au-delà de toute considération symbolique, les habitants revenant d’exil éprouvaient avant tout le besoin de retrouver un cadre de vie familier21. Ils n’étaient donc globalement pas prêts à accepter les projets britanniques de conservation des ruines. Une forme de compromis mémoriel dut être atteint.

  1. « Public History » et tourisme de guerre dans le Saillant d’Ypres, 1918-1939

Sans surprise donc, Ypres devint dès la fin des hostilités un centre majeur du tourisme de guerre vers les champs de bataille du front de l’ouest. La nature essentiellement privée et relativement peu professionnalisée de ce tourisme pendant l’entre-deux-guerres rend difficile toute étude quantitative. Toutefois, on peut aujourd’hui comprendre qui étaient les acteurs du tourisme de guerre dans la région. Dans un premier temps, nous allons aborder brièvement les débats qui ont accompagné la reconstruction des ruines de guerre, dimension primordiale du tourisme et, en conséquence, des activités de la Public History dans le Saillant d’Ypres. Nous verrons ensuite brièvement quels furent les acteurs privilégiés du tourisme de guerre dans cette région pendant l’entre-deux-guerres et quelles évolutions sont décelables à cet égard depuis 1945.

British Verdun ou Perle des Flandres ? Conservation vs restauration

Après la guerre, la reconstruction des régions dévastées de Belgique fut une tâche primordiale. Les réfugiés, revenant par centaines de milliers, devaient être relogés et la reconstruction fut mise à l’avant-plan de la vie politique belge. Partout, différentes options furent avancées quant à la manière dont il aurait fallu mener à bien cette immense besogne22. Ces discussions démontrent à quel point la préservation de ruines et d’un paysage marqués par un conflit est une part essentielle de l’exercice de la Public History: il s’agit d’offrir au public des preuves tangibles des événements passés tout en les interprétant et en les mettant en scène d’une certaine manière. Les polémiques concernant le sort à réserver aux monuments architecturaux endommagés pour l’une ou l’autre raison avaient été une constante depuis le XIXème siècle: fallait-il restaurer les monuments dans leur style original, ou au contraire les conserver en l’état et prôner une intervention minimale, dans la veine du romantisme considérant la ruine comme pittoresque23? Cet antagonisme entre restauration et conservation donna lieu une fois de plus à d’importants débats autour des ruines de la ville d’Ypres. Mais ils eurent alors lieu à une échelle et avec une intensité toutes différentes.

Au sein de l’Empire britannique, nombreux furent ceux qui désiraient conserver au moins partiellement les ruines d’Ypres. Winston Churchill alla jusqu’à proposer, en janvier 1919, de racheter l’entièreté de la ville d’Ypres afin de conserver ses ruines24 ! Même en Belgique, des voix s’élevèrent en faveur de la conservation des ruines. Ainsi, le Roi Albert Ier suggéra au sortir de la Grande guerre de « maintenir dans leur état certaines localités dont la reconstruction [était] impossible sur leur remplacement actuel », y compris Ypres25. L’idée que la conservation de certaines ruines était un impératif, dont les implications dépassaient largement les préoccupations locales ou nationales, fut souvent exprimée: « un pays qui possède de tels témoins de la commotion la plus profonde qui ait jamais ébranlée le monde, se doit à lui-même, doit aux générations futures, doit à l’histoire de les préserver d’une disparition totale. Il faut que l’enseignement qui s’en dégage soit compris par les hommes de demain », écrivait-on à l’époque26. Il s’agissait donc bien, en transmettant le passé aux générations futures, de conférer une valeur pédagogique aux témoins matériels du conflit27.

Toutefois, les sinistrés yprois ne furent guère séduits par l’idée de conserver des ruines, révélant une véritable incompatibilité avec les projets mémoriels britanniques. Le bourgmestre d’Ypres n’entendait pas se laisser faire: « C’est nous qui sommes les maîtres, (…) c’est à nous à décider si la ville (…) sera reconstruite ou non (…). Douter de la reconstruction de la ville, c’est douter de notre droit ; or il s’agit de ne pas reculer d’un pas dans cette voie là »28. Le ton était donc donné. Du côté britannique, cette volonté de reconstruire la ville était assimilée à un manque total de compréhension de l’enjeu mémoriel parmi les populations locales : « [o]ur whole trouble arises from the fact that the Belgian people do not realise what Ypres means to us, nor how great our sacrifices have been here »29. Les différentes mémoires collectives associées aux ruines d’Ypres donnèrent lieu à des projets mémoriels plus antagonistes que complémentaires. De fortes tensions étaient palpables, dès après le conflit, entre les alliés. L’enjeu mémoriel était, de fait, considérable.

Mais au moment de reconstruire les monuments centraux –les fameuses Halles et la Cathédrale-, l’unanimité ne fut plus de mise, pas même au niveau local. De nombreux habitants, ayant appris à l’été 1919 que la reconstruction de la Cathédrale allait être entamée, s’opposèrent à cette idée. « Les ruines des Halles et de la Cathédrale doivent rester telles qu’elles sont, le plus longtemps possible, dirent-ils (…). Ces ruines attirent la foule des touristes, et les faire disparaître serait tuer la poule aux œufs d’or. Il sera toujours temps de reconstruire plus tard »30. Notons toutefois qu’on ne rejeta pas la reconstruction de la Cathédrale sur base de considérations symboliques, mais bien en raison de l’apport économique que le tourisme qui y était lié représentait. Dans le reste du Saillant, la même conclusion s’impose: pratiquement aucune trace directe du conflit n’a été conservée. Pourtant, la plupart des visiteurs souhaitaient voir des portions de champs de bataille telles qu’elles avaient été pendant le conflit. Seules quelques sections de ces sites furent conservées et à nouveau en raison des revenus qu’elles engendraient31.

Dès le début des années 1920, il semblait que les autorités britanniques aient abandonné l’idée de conserver ne fut-ce qu’une parcelle des ruines d’Ypres. Elles se replièrent donc vers un projet plus réalisable: l’érection d’un mémorial impérial britannique, le Menin Gate Memorial, qui fut inauguré en grande pompe en juillet 192732. L’érection de ce mémorial, dont on discutait depuis 1919, vint en quelque sorte apaiser les tensions mémorielles qui s’étaient fait jour entre les sinistrés yprois et de nombreux ressortissants de l’Empire britannique. Ce mémorial portant les noms d’environs 55.000 soldats disparus devint rapidement le point d’orgue de toute visite au Saillant d’Ypres. Notons également qu’il fut –et est encore- le théâtre d’une cérémonie quotidienne mise en place en 1928 par des Yprois. Cette cérémonie, à savoir la sonnerie au clairon des airs militaires britanniques du Last Post et du Reveille, avait eu lieu lors de l’inauguration du mémorial. C’est un commissaire yprois qui eut l’idée de la rendre quotidienne à l’été 1928, obtenant des fonds privés des principaux hôteliers de la ville33. Depuis lors, à l’exception des années d’occupation de la ville durant la seconde guerre mondiale, le Last Post a eu lieu quotidiennement et cette cérémonie continue à attirer de nombreux touristes34. Notons que cette initiative particulièrement marquante a été prise de manière spontanée par des privés et qu’aucun historien n’a participé à sa conception.

Acteurs du tourisme à Ypres

Dès que le Saillant d’Ypres fut démilitarisé, au printemps 1919, les visiteurs commencèrent à affluer. Comme nous l’avons dit plus haut, la venue de ces touristes était loin d’être une surprise. À l’époque, on eut même tendance à surestimer le nombre de visiteurs que les champs de bataille allaient attirer après le conflit35. Il ne fut dès lors pas surprenant de voir les infrastructures liées au tourisme de guerre se développer de manière extrêmement rapide. Un tourisme de masse se développa, alors même que certains sinistrés revenus d’exil logeaient dans d’anciens bunkers abandonnés par les troupes36. Un guide de 1920 mentionne déjà la présence de 14 hôtels à Ypres37 et, à en croire certains, 90% des bâtiments érigés en mai 1920 étaient justement des hôtels ou des estaminets38.

Quels furent donc les acteurs de ce tourisme de l’entre-deux-guerres, alors conscients de son potentiel économique et, parfois, éducatif ? Il semble que les autorités locales et nationales ne prirent guère part à ces activités. Aucune politique touristique cohérente ne fut mise en place et les historiens restèrent absents de ce processus : à l’époque, seuls les anciens combattants faisaient autorités en matière de tourisme de guerre. Les autorités locales se montrèrent cependant très efficaces lorsqu’il s’agit de faire revivre le folklore local. Ainsi, la première kermesse annuelle d’Ypres eut lieu dès 1919, au milieu des ruines, et des processions folkloriques locales reprirent dès 192139. La reprise d’activités « normales » et festives au milieu des ruines sacralisées de la ville n’alla d’ailleurs pas sans irriter les visiteurs britanniques, qui ressentirent cela comme un sacrilège40.

Des Yprois se lancèrent donc dans le tourisme de guerre, sans y être cependant encouragés pas les autorités : certains sinistrés s’improvisèrent hôteliers, restaurateurs ou vendeurs de souvenirs. Un peu partout le long du front, des civils revinrent s’installer dans des baraques de fortune destinées à accueillir les touristes41. Diverses associations touristiques belges, telles que le Touring Club de Belgique42, organisèrent également des excursions au Saillant d’Ypres43. Certaines sociétés belges, de nature privée ou semi-officielle, jouèrent donc un rôle limité dans le tourisme de guerre. Toutefois, les principaux acteurs de ce tourisme dans le Saillant d’Ypres, furent en réalité des Britanniques. En effet, si bon nombre d’entre eux voyaient d’un mauvais œil la tenue de marchés et autres kermesses au cœur des ruines, ils n’en restèrent pas moins les principaux visiteurs vers les champs de bataille où un quart de million de Britanniques reposaient. Parmi les acteurs du tourisme de guerre, on retrouvait avant tout des anciens combattants ayant décidé de rester à Ypres et de tenter leur chance dans ce domaine44. Beaucoup étaient employés par l’Imperial War Graves Commission (ci-après IWGC)45, chargés de l’entretien des cimetières militaires et des mémoriaux. D’autres étaient actifs dans l’organisation de tours des champs de bataille -parfois dans le cadre de pèlerinages à bas prix, organisés par des associations caritatives telles que la Salvation Army ou la YMCA46.

Cette omniprésence des Britanniques dans le domaine du tourisme de guerre autour d’Ypres répondait à une certaine logique. En effet, le secteur du front ayant été défendu presqu’exclusivement par eux attirait principalement des visiteurs venus de l’Empire. De plus, la participation d’anciens combattants était vue comme un gage d’authenticité dans le cadre du tourisme de guerre. Cette recherche d’authenticité dans le tourisme historique ou culturel est un concept central de la Public History. À l’époque, cette recherche d’authenticité a suscité des discussions parmi le grand public, mais ce n’est que plus récemment que le milieu académique s’est penché sur cette problématique47. Qu’il s’agisse de tours des champs de bataille ou de guides de voyage, il était de bon ton de mentionner la participation d’anciens soldats (pas n’importe lesquels puisqu’il s’agissait presque toujours d’officiers). Ainsi, les publicités des tour-opérateurs proposant des visites au front insistaient toujours sur la présence : d’« ex-officers with expert knowledge of the battlefields »48. De très nombreux guides ont été rédigés ou préfacés par des anciens combattants. Si ce n’était pas le cas, on ne manquait pas de mentionner au moins la collaboration d’un officier49.

En vue de commémorer les événements de 1914-1918, quelques initiatives furent prises, outre l’érection de ces lieux de mémoires qui incombaient avant tout à l’IWGC. Nous allons en citer ici quelques-unes qui illustrent la pratique de la Public History dans le Saillant d’Ypres. Les « bornes du front », érigées par le Touring Club de Belgique -suivant l’exemple de son homologue français-, étaient censées souligner les points les plus avancés atteints par les troupes allemandes et ainsi « jalonner sur le terrain l’extrême poussée de l’invasion boche (…) [et] être en leur pérennité une des manifestations tangibles de notre volonté de voir, de génération en génération, entretenir les affres qui furent les nôtres de par la félonie de l’Allemagne »50. Dans le Saillant d’Ypres, c’est l’Ypres League, une association anglaise51, qui fut chargée d’ériger les bornes. En tout, 6 bornes « anglaises » furent ainsi édifiées sur le territoire belge. Le Touring Club fut bien entendu invité à prendre part à la cérémonie d’inauguration, énième occasion d’affirmer la fraternité liant les Belges et les Anglais52. Ce fut toutefois l’un des rares projets anglo-belges qui vit le jour dans le cadre d’une mise en valeur des vestiges de la guerre, et il s’agissait d’une initiative essentiellement privée.

Les autorités nationales belges tentèrent parfois d’intervenir. Ainsi, un projet de loi fut présenté à la Chambre des représentants en juillet 1919, visant à conserver certains sites de guerre considérés comme significatifs53. En fin de compte, ce projet tomba aux oubliettes, faute de moyens et, semble-t-il, d’intérêt. Alors qu’en France, certaines parties de territoires ne furent pas reconstruites, rien de tel n’eut lieu en Belgique54. Les autorités belges tentèrent en outre d’établir un musée de guerre à Ypres, qui manquait d’un tel établissement alors que Dixmude et Zeebruges en possédaient un. La Défense entama en 1926 des démarches en vue de fonder ce musée tant attendu. Les autorités locales se montrèrent enthousiastes et un local fut même choisi55. Cependant, aucune suite ne fut donnée à ce projet, pour des raisons qui restent malheureusement obscures.

C’est finalement un Anglais, Léo Murphy56, ancien combattant devenu très actif dans le tourisme de guerre à Ypres qui –fait significatif- y établit le premier musée de guerre. Le sous-sol de l’ancienne Boucherie, local sombre et probablement peu apte à abriter un musée, fut mis à disposition de Murphy par les autorités locales, qui se réservèrent toutefois le droit de l’en chasser sans préavis57. Ce « Ypres Salient War Museum » ouvrit toutefois ses portes en 1932 et ne les ferma qu’en 1939, à l’approche de la seconde guerre mondiale. Les collections étaient présentées comme « de grande réputation mondiale ». On pouvait y voir « des engins défensifs et offensifs, équipements, curiosités d’intérêt technique et historique dont plusieurs, de par les faits qu’elles évoquent, rappellent de notables exploits»58.

Figure 3: Photographie du "Ypres salient war museum". Collection privée de Jackie Plateeuw, collaborateur au In Flanders Fields Documentatiecentrum, Ypres59.

La présentation était donc classique, et ne reposait que sur l’exposition d’objets, de photographies et de cartes militaires, accompagnés de très peu de textes interprétatifs. La muséologie fut le fait du seul propriétaire du musée, ancien combattant. Toutefois, l’optique générale du musée se voulait pacifiste: « anyone visiting the « Ypres Salient War Museum » at Ypres will go forth and ever preach peace among nations »60. En accord avec le courant de l’époque, on considérait que la confrontation directe avec la réalité de la guerre était censée œuvrer en faveur de la paix, faire en sorte que ce fut bien la dernière.

Du matériel militaire allemand était également exposé. De manière générale, les Allemands restèrent absents du processus de mémorialisation de 1914-1918 dans le Saillant d’Ypres durant l’entre-deux-guerres. Ce n’est que dans la seconde moitié des années 1920 que l’on vit des Allemands visiter l’ancien front, et en nombre relativement limité61. En Allemagne même, c’est le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge, association privée fondée en 1919, qui s’empara des activités liées à la commémoration des morts62. À l’ancien front, lorsque des sites militaires allemands furent préservés ou visités, l’optique était plutôt celle de démontrer la supériorité numérique et militaire d’un ennemi hautement organisé, et par la même occasion l’héroïsme allié63. Toutefois, la germanophobie ambiante qui régnait après le conflit sembla s’apaiser, et l’on vit de plus en plus d’Allemands se rendre à l’ancien front dans le courant des années 1930. Les tracts publicitaires du musée de guerre du Saillant d’Ypres étaient d’ailleurs traduits en allemand, signifiant une acceptation des anciens ennemis parmi ses visiteurs. Ce n’est toutefois que bien plus tard que les Allemands furent réellement mis sur un pied d’égalité avec les alliés dans la muséologie du conflit, nous y revenons plus tard.

En conclusion, on peut dire que malgré le fait que le tourisme de guerre ait représenté une source importante de revenus pour la région d’Ypres, un fort particularisme l’a emporté sur toute autre considération auprès des autorités locales. Les principales attractions touristiques du Saillant d’Ypres devinrent rapidement les mémoriaux et cimetières militaires érigés par l’IWGC, étant donné la disparition des sites de guerre eux-mêmes. « [I]n the 1930s for many travelers [sic] the very scale of the memorials and cemeteries spoke of the horrors of war and the need to strive for peace »64. À ces lieux de mémoire s’ajoutaient quelques musées ou portions de tranchées gérés par des privés. Au niveau local, on semble bien avoir voulu tirer un trait sur les tragiques événements de la Grande Guerre, dont les habitants d’Ypres avaient été les victimes et non pas les héros. Quant à l’Etat belge, il fut bien incapable d’imposer ses vues, que ce soit en matière de préservation des ruines d’Ypres ou de la conservation des sites de guerre.

  1. Public History et tourisme de guerre dans le Saillant d’Ypres après 1945

La seconde guerre mondiale a relégué pour un temps au second plan le souvenir de la Grande Guerre, du moins auprès du grand public. 1939-1945 modifia profondément la manière d’envisager la première guerre mondiale, « celle que les contemporains ont longtemps appelée la « grande guerre », au singulier, sans numéro d’ordre (…). Elle s’est trouvée déclassée par la guerre qui a suivi, et n’a plus été désignée que par son numéro d’ordre (…). Elle perdait sa singularité, son exceptionnalité, son caractère monstrueux aussi »65. Tant au niveau de l’historiographie66 que du tourisme de guerre, la relégation à l’arrière-plan de 1914-1918 a été très marquée jusqu’aux années 1960. Mais l’intérêt pour la première guerre mondiale n’était pas éteint pour autant. Il resta particulièrement vivace chez ceux qui avaient été directement confrontés à l’expérience de guerre, que ce soit à travers le deuil ou le combat. Ypres n’a jamais totalement perdu son statut d’emblème de la Grande Guerre. Dès le 6 septembre 1944, jour où les Allemands ont quitté la ville, le Last Post fut à nouveau sonné sous le Menin Gate67. Les pèlerinages d’anciens combattants qui ne se sont véritablement interrompus que pendant la durée de l’occupation d’Ypres et reprirent dès 1945.

À partir de 1960, un regain d’intérêt pour la Grande Guerre refit surface parmi le grand public. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène. D’une part, la seconde guerre mondiale, si elle était encore toute récente, n’occultait plus le souvenir de la Grande Guerre. De plus, les anciens combattants avaient alors tous 60 ans ou plus : ils se retournèrent plus volontiers vers leur passé et transmirent leur expérience, cet héritage de la guerre de tranchées, aux générations qui leur ont succédé68. En outre, l’histoire et sa narration disposait d’un public de plus en plus large dès lors que s’élèva le niveau général de l’instruction69. Conscients de ce intérêt renouvelé pour la première guerre mondiale, certains notables de la ville tentèrent de relancer le tourisme à Ypres au début des années 1960, insistant tout autant sur le folklore local et séculier que sur le rôle que la ville avait joué durant la première guerre mondiale70. Des mesures furent donc prises à partir de 1960, en vue de promouvoir une relance du tourisme de guerre dans la région. Parmi celles-ci, on peut souligner l’instauration d’un concours visant à susciter la rédaction de « Monographies historiques sur les régions dévastées » (« Historische Monografieën over de Verwoeste gewesten »)71, lancé par la Province de Flandre occidentale en 1959-1960. L’intérêt pour la première guerre mondiale n’était donc pas éteint et cette fois, à la différence du premier après-guerre, les autorités s’impliquèrent directement dans la construction historique visant à sauvegarder la mémoire de la Grande Guerre. Il fallut toutefois attendre 1964 pour qu’une reprise générale du tourisme de guerre s’amorce réellement, drainant une fois de plus essentiellement des visiteurs britanniques, les Allemands restant minoritaires.

1964, « cinquante ans après »

Le cinquantième anniversaire du début de la guerre fut un facteur important du regain d’intérêt général pour la Grande Guerre. De même que le début des années 1960 avait été marqué par une recrudescence des travaux historiques sur la Grande Guerre, le cinquantenaire du conflit fut l’occasion de commémorations et cérémonies de grande importance. Des séries de reportages furent diffusées sur des chaînes de grande audience, surtout en Grande-Bretagne, et leur succès fut phénoménal72. La Public History avant la lettre trouva ainsi un nouveau canal de diffusion grâce à un nouveau média populaire comme la télévision des origines.

De nombreuses mesures furent prises en vue de commémorer cet anniversaire à Ypres. Un comité composé de notables de la ville, privés ou représentants politiques locaux, fut chargé de l’organisation des diverses initiatives, en collaboration avec le service du tourisme. Il semble donc que ces commémorations soient prises en charge majoritairement par les autorités locales –et, nous le verrons, provinciales-, signalant un changement dans la gestion des pratiques mémorielles dans le Saillant d’Ypres73. Il est malheureusement difficile d’établir la présence ou l’absence d’historiens dans les divers comités mis en place, mais il semble que les personnes qui s’érigèrent alors en « experts » locaux de la Grande Guerre étaient plutôt des historiens amateurs que des historiens de formation. Parmi les initiatives qui furent lancées, notons l’organisation par la ville d’Ypres en collaboration avec la Province de Flandre Occidentale, d’une exposition appelée « Témoins silencieux » (« Stille getuigen »), l’accueil de jeunes provenant de 17 pays européens, la rédaction de guides de voyage d’Ypres et du Saillant, etc.74. Mais l’initiative la plus marquante fut sans doute la mise en place d’un musée de guerre, toujours par les autorités locales avec des subsides de la Région flamande : le « Musée du souvenir 1914-1918 » (« Herinneringsmuseum 1914-1918 »). La ville n’avait plus abrité de musée de guerre depuis la fermeture en 1939 du « Ypres Salient War Museum », de Léo Murphy.

Le « Musée du Souvenir » fut établi au premier étage de la tour du beffroi des Halles. Son conservateur, Alfred Caenepeel, était un vétérinaire yprois plus connu pour être « l’expert local » de la Grande Guerre dans le Saillant d’Ypres75. Ce fait démontre à quel point le recours à des historiens de formation n’était alors pas considéré comme nécessaire. La muséologie adoptée pour le Musée du souvenir restait relativement proche de celle du musée de L. N. Murphy : les collections étaient en effet essentiellement constituées de matériel militaire, d’uniformes, de cartes géographiques etc.76. On ne peut donc dire que la conception du musée muta de manière significative : une attention particulière fut dédiée à la valeur éducative d’un tel établissement : « tenant compte du fait que la génération directement concernée par les événements disparaît, il est nécessaire d’en donner une présentation claire, et un musée historico-scientifique »77, affirmèrent les autorités locales. Elles émirent en outre rapidement le souhait de rendre permanent ce musée –pensé au départ comme temporaire. La conception d’un musée de guerre par les autorités locales est significative d’une prise de conscience –sans doute en partie économique- de l’opportunité d’entretenir la mémoire des événements ayant eu lieu pendant la Grande Guerre.

On dénote en outre une collaboration accrue entre différentes institutions, belges et étrangères, liées à la Grande Guerre. Ainsi, à partir du 15 avril 1965, une exposition consacrée à l’attaque au gaz du 22 avril 1915 se tint à Ypres. Elle fut organisée par le Musée communal, avec le concours du gouvernement provincial, de l’Imperial War Museum et du Musée de l’Armée78. L’année 1964 marque donc clairement un tournant dans la manière dont la Public History a été pratiquée dans le Saillant d’Ypres. En effet, on constate une prise en main des activités commémoratives par les autorités locales et régionales, recourant à des historiens le plus souvent amateurs. Durant les décennies qui suivirent, la fréquentation touristique du Saillant d’Ypres ne cessa d’ailleurs d’augmenter.

D’un tourisme de guerre à un tourisme de paix ? La Public History dans le Saillant d’Ypres de nos jours



Des données chiffrées permettent de déceler les tendances de la fréquentation touristique du Saillant d’Ypres. Depuis 1963, la ville d’Ypres recense dans un bilan annuel soumis à la Province le nombre de nuitées passées dans les hôtels de la ville chaque année79. Malgré le fait que ces données ne fassent que totaliser le nombre de nuits passées dans les différents hôtels d’Ypres et ne soient donc pas spécifiquement liées au tourisme de guerre, elles on un intérêt car elles permettent de mettre en évidence une évolution globale du nombre de touristes de guerre : la plupart des gens passant une nuit ou plus à Ypres le font au moins en partie en vue de visiter les lieux de mémoire de la Grande Guerre. C’est surtout le cas des visiteurs britanniques, qui représentent une part importante des touristes.



Figure 4: Nombre de nuitées passées à Ypres de 1963 à 2000. [Stad Ieper gemeentebestuur, jaarverslag over het beheer en de toestand der stadszaken, 1964-2000. Ieper Stadsarchief80].







Figure 5: pourcentages d’Anglais par rapport au nombre de nuitées total, de 1963 à 2000. [Stad Ieper gemeentebestuur, jaarverslag over het beheer en de toestand der stadszaken, 1964-2000. Ieper Stadsarchief].



Figure 6: Nombres de nuitées passées dans les hôtels d'Ypres de 1963 à 2000. [Stad Ieper gemeentebestuur, jaarverslag over het beheer en de toestand der stadszaken, 1964-2000. Ieper Stadsarchief].

Les tableaux ci-dessus démontrent une augmentation relativement constante du nombre de visiteurs séjournant à Ypres depuis 1963, début de la récolte de données. L’augmentation s’accélère au milieu des années 1980 et « décolle » une décennie plus tard. Sans avoir pu consulter les statistiques postérieures à 2000, on peut cependant conclure que le nombre de visiteurs a continué à croître de la même manière. Quant à la part des visiteurs Anglais, elle atteint au moins 20% des statistiques totales depuis 1980 et se situe, à la fin des années 1990, au-dessus des 30%. Ils sont la nationalité la plus représentée parmi les touristes depuis 1980. La pratique mémorielle du tourisme de guerre à -et autour d’- Ypres a donc connu une croissance spectaculaire durant ces dernières décennies. Cette croissance n’est pas sans incidence sur la gestion de la Public History, la vision publique que l’on a de l’histoire du premier conflit mondial, dans la région. Économiquement parlant, le tourisme de guerre est en effet devenu incontournable : c’est l’une des ressources les plus importantes pour Ypres et sa région. Il est devenu impossible pour les autorités d’ignorer ce secteur, et elles interviennent donc de plus en plus dans la mise en valeur du patrimoine historique de la Grande Guerre.

En outre, la démocratisation du tourisme a joué un rôle non négligeable parmi les facteurs explicatifs de cette augmentation impressionnante du nombre de visiteurs dans le Saillant d’Ypres. L’élargissement du public intéressé par son passé et par le récit et la narration de son histoire est un fait caractéristique des nouvelles pratiques d’une histoire publique aussi au service de l’économie locale. D’autre part, on assiste depuis les années 1970, en parallèle à la démocratisation du tourisme déjà évoquée, à une « démocratisation de l’histoire », prônée dès la fin de cette décennie en Angleterre et aux Etats-Unis par la naissantePublic History. Et il n’est pas anodin que ce mouvement ait débuté en Angleterre81, là où la mémoire collective de la Grande Guerre reste particulièrement vivace. Le succès croissant de l’histoire familiale et de la généalogie, depuis les années 1980, a largement contribué à la résurgence d’un intérêt de masse pour la Grande Guerre en Grande-Bretagne. En effet, pour de nombreuses familles, 1914-1918 restait un point de référence incontournable de la mémoire individuelle et collective, un fait renforcé par les nombreuses représentations de ce conflit dans les médias82. Comme Jill Liddington le rappelle, les années récentes ont été marquées par une véritable explosion de représentations populaires du passé dans les musées, à la télévision ou, plus récemment encore, via l’internet83. Le réseau internet contribue –en même temps qu’il répond- à la popularité croissante de la Grande Guerre parmi le grand public depuis plus d’une décennie84. La mise en ligne par la Commonweatlh War Graves Commission (anciennement IWGC) d’une importante banque de données, permettant faciliter les recherches de chacun sur les soldats ayant servi lors de différents conflits et sur les cimetières militaires, est un exemple frappant dans le domaine de la Digital Public History d’une demande sociale croissante pour une histoire familiale de la Grande Guerre85.

Dans le Saillant d’Ypres, l’intervention des autorités locales et provinciales va se faire de plus en plus fréquente et les projets liés à la mémorialisation de la Grande Guerre vont se multiplier. En outre, Ypres est actuellement qualifiée de « vredesstad » (« ville de paix »), centre de ce qu’on appelle désormais le « vredestoerisme » (« tourisme de paix »). Dans ce cadre, on assiste à une coopération accrue entre différentes parties du Saillant d’Ypres, au sein du Westhoek (région de l’ouest de la Flandre occidentale regroupant 17 communes, notamment Ypres, Dixmude et Poperinghe : autrement dit, la région de Belgique la plus touchée par la Grande Guerre)86. Les activités liées au tourisme sont, dorénavant et de manière générale, organisées dans le cadre du Westhoek, et non plus uniquement au niveau communal.

Le projet « oorlog en vrede in de Westhoek » (« guerre et paix dans le Westhoek ») est l’un des plus importants dans le domaine de la Public History. Ébauché dès 1997, ce programme a finalement débuté en 2002. Il représente la première véritable entreprise de coordination d’un tourisme de la Grande Guerre au niveau provincial87. Il s’agit, entre autres, de la transformation de la tour de l’Yser en un musée en 199988, de l’aménagement de certains sites comme le Pool of Peace89, de l’organisation de « concerts de paix (…) un appel à la guerre contre la guerre »90 ; mais aussi de la publication d’une série de brochures et d’ouvrages sur la Grande Guerre et sur son héritage91. Notons que la province ne fait que coordonner ces initiatives et contribuer à leur financement92. Le mot d’ordre de cette politique est bien la promotion de la paix, dans le cadre du devoir de mémoire et de l’éducation des jeunes93.

En ce qui concerne les acteurs du tourisme de guerre, il est évident que l’on fait appel de manière de plus en plus fréquente à des historiens de formation lorsqu’il s’agit de mettre en place des projets liés à la mise en valeur du patrimoine de la première guerre mondiale. La rédaction de guides, par exemple, est révélatrice de cette évolution. En effet, on assiste principalement depuis les années 1980 non seulement à un élargissement des perspectives et des thématiques prises en compte, mais aussi au recours quasiment systématique à des historiens de formation pour leur rédaction. Des guides proposent par exemple de marcher sur les traces de la reconstruction, expliquant à grand renfort de photographies d’époque les changements survenus dans les années 1920 et 193094. Ce guide a par ailleurs été rédigé par des historiens, travaillant tous deux pour des musées yprois. Il existe aussi une série impressionnante de guides destinés aux visiteurs férus d’histoire militaire. Parmi les plus connus, on trouve les guides édités par Major & Mrs Holt, auteurs de nombreux guides de champs de bataille des deux conflits mondiaux. Le premier est militaire de formation, l’autre a enseigné l’histoire, ce qui leur donne une double légitimité dans la rédaction de guides de champs de bataille, qui sont des exemples caractéristiques de Public History95. D’autres séries de guides se spécialisent dans la description de batailles ou de portions de champs de bataille, atteignant un niveau de précision surprenant et suivant parfois heure par heure le déroulement d’opérations militaires96. Il y a donc une diversification remarquable des approches et des thématiques prises en compte. Et les historiens ont maintenant rejoint les militaires de formation au rang d’auteurs « légitimes » de guides de champs de bataille.

Il en va de même en ce qui concerne les personnes guidant les touristes sur les champs de bataille. Certains sont historiens, ce qui est toujours mentionné comme un gage de fiabilité. Paul Read, auteur de nombreux guides de champs de bataille, conduit lui-même des visites guidées. On ne manque pas de préciser qu’il est historien de formation, et qu’il a même participé à des programmes télévisés97. D’autres insistent sur le fait qu’ils utilisent de nombreux documents d’époque afin de donner une impression réaliste des combats98. Des guides proposent en outre des tours personnalisés permettant aux visiteurs de suivre la trace de leurs ancêtres, les recherches historiques nécessaires pouvant être effectuées par les guides eux-mêmes99.

Le « In Flanders’ Fields Museum » (IFFM), inauguré en 1998, est devenu l’une des attractions principales de toute visite au Saillant d’Ypres. Financé principalement par l’Union européenne et la Région flamande, il est le successeur du « Herinnerignsmuseum », qui avait entretemps agrandit ses collections, déménagé d’un étage à l’autre des Halles, et changé de nom100. Au départ, l’IFFM devait n’être que le fruit d’une énième rénovation du musée préexistant, mais on opta finalement pour un renouvellement complet, basé sur un nouveau concept101. L’idée de base de ce musée est de présenter le point de vue des gens « normaux » ayant participé à la guerre, civils compris. C’est donc l’optique du « petit homme dans la grande guerre » qui est adoptée. Le musée a fortement misé sur l’interaction avec le public. Chaque visiteur reçoit à l’entrée du musée un ticket qui lui permettra de suivre, aux différentes bornes placées dans le musée, l’histoire d’un ‘personnage’ qui lui est attribué au hasard (femme, homme, civil ou soldat).

L’IFFM suit une structure générale chronologique, mais donne parfois une impression de chaos. L’utilisation de sons, fumées, bruits d’explosion, etc. rendent sa visite assez mouvementée, aussi dans sa version en ligne. Selon Piet Chielens, coordinateur du musée, il s’agissait avant tout de rendre vivante une guerre terminée 80 ans plus tôt et il fallait pour cela donner voix aux personnes ayant participé à ou été témoins de la Grande Guerre102. Des expositions temporaires y ont régulièrement lieu, de même que des colloques. Un centre de recherche est attaché à l’IFFM, et dispose d’importantes collections de livres et d’archives. Ce centre est ouvert au public et il n’est pas rare que ses employés soient mis à contribution afin d’aider l’un ou l’autre visiteur à localiser la tombe d’un proche. Le Musée dispose en outre d’un site internet multi-médial, où l’on trouve une série d’informations historiques et des liens vers d’autres sites intéressants103. Ce site est remarquable par sa reconstruction trilingue des champs de bataille des Flandres durant la première guerre. C’est l’exemple par excellence du tourisme de la toile qu’est la Digital Public History. L’audio est omniprésent, et introduit cette fois aussi l’allemand, la présence allemande faisant finalement de ce musée un musée de tous les combattants d’alors. Jusque-là, seul l’Historial de Péronne, fondé en 1992, avait introduit une vision incluant véritablement les combattants allemands, mis sur un pied d’égalité avec les combattants alliés104.

La vision actuelle selon laquelle le patrimoine historique de la Grande Guerre est un patrimoine européen par excellence, et la participation des institutions européennes dans de nombreuses initiatives contribuent à expliquer cette représentation proprement égalitaire des anciens ennemis dans la muséologie récente du conflit. De manière générale, l’optique adoptée par l’IFFM, outre le fait qu’elle est centrée sur l’homme simple pris dans la tourmente de la guerre, est également centrée sur la Flandre, son expérience de guerre et ses relations avec la communauté internationale. Très populaire, ce musée a reçu le Prix des musées belge en 2010105.

D’autres musées de guerre ont récemment été créés dans la région. On peut citer notamment le Memorial Museum Passchendaele 1917, qui est consacrée à la bataille du même nom et propose notamment de se promener dans des tranchées reconstituées. Ce musée a lancé une campagne destinée à récolter des informations sur les soldats morts durant la bataille de Passchendaele afin de les incorporer dans un « mémorial vivant »: « we have created a living memorial where we are endeavouring to put faces and stories to the names of the dead and missing by building a personal record with photographs, family documentation and information from military sources »106. Cette initiative, pour laquelle la participation des descendants des combattants est demandée, est symptomatique de l’implication grandissante des visiteurs dans la réalisation même de certains projets mémoriels. Il est impossible ici de dresser un portrait de tous les musées de guerre du Saillant d’Ypres. Certains d’entre eux, existant depuis l’entre-deux-guerres, sont restés exactement dans l’état où ils ont été conçus originellement. C’est le cas du musée privé de Hill 62, à l’extérieur duquel un réseau de tranchées préservées peut être visité107. Il reste de nos jours l’un des sites les plus populaires parmi les touristes de guerre.

Outre les différents musées qui ont été rénovés ou nouvellement créés ces dernières décennies, une série de projets de digitalisation d’archives sont également menés. La cellule « Erfgoedcel CO7 » (Cellule patrimoine CO7), financée par la Région flamande, s’attache par exemple à mettre en valeur le patrimoine historique d’Ypres et d’autres communes avoisinantes dans des publications, en soutenant des projets d’inventorisation et de conservation du patrimoine historique, mais aussi avec la mise en ligne d’archives108. Depuis peu, une série de journaux locaux, remontant parfois au XIXème siècle, est consultable sur le site « Historische kranten », créé par cette cellule. L’utilisateur peut y effectuer une recherche plein texte dans pas moins de 42 journaux locaux et accéder directement aux articles souhaités109. En outre, un site patronné par la Région flamande et divers centres d’archives locaux met à disposition des utilisateurs une série de documents d’archives numérisés, en rapport avec la reconstruction dans le Westhoek110. Il convient de noter que ces sites ne sont disponibles qu’en néerlandais, fait révélateur d’une volonté de promouvoir le patrimoine historique de la région -y compris bien entendu le patrimoine lié à la Grande Guerre- avant tout parmi les locaux. Il ne s’agit donc pas ici de projets destinés à promouvoir la visite des champs de bataille, mais bien à offrir aux flamands eux-mêmes des outils permettant une meilleur connaissance de leur passé.

2014-2018 et le centenaire de la Grande Guerre

Dernièrement, de nombreux projets ont été mis en place en vue d’organiser les commémorations du centenaire de la première guerre mondiale. L’Union européenne est souvent partie prenante de ces projets. Dans le cadre de InterregIV France- Wallonie-Vlaanderen (fonds européen de développement régional), un projet transfrontalier de promotion de la mémoire de la Grande Guerre a été récemment mis en place. Quatre départements français et la Province de Flandre occidentale sont concernés. Il s’agit d’établir une meilleure collaboration entre ces régions et de se préparer à l’afflux important de touristes qui viendront lors des commémorations de 2014-2018. Mais aussi de « promouvoir le réseau et les différents produits touristiques sur le marché de la Grande-Bretagne et du Commonwealth » et de « lancer un appel commun à la paix ». Cet ambitieux programme entend améliorer les infrastructures routières, rénover les musées en les incorporant dans un réseau, etc.111

Dans la droite ligne de ces commémorations, le musée In Flanders’ Fields n’est pas en reste : « dans la perspective des célébrations de 2014, In Flanders Fields doit faire peau neuve. Fermé jusqu’en juin 2012, le site est en train de subir une métamorphose complète. Sa surface d’exposition va tripler. Sa muséographie sera revue à la pointe des nouvelles technologies interactives. Le contenu de la nouvelle exposition permanente sera le fruit des avancées en matière de recherches scientifique et historique »112.

Si ces ambitieux projets ont bien entendu des implications scientifiques et éducatives, il s’agit également d’un projet hautement politique. En effet, on n’hésite pas à dire que la Flandre « veut profiter du martyre des soldats belges pour rayonner dans le monde (…). À l’enjeu de mémoire s’ajoute une affaire de gros sous »113. Le gouvernement flamand a pris contact avec de nombreux partenaires à travers le monde entier, débloqué des sommes considérables d’argent afin de s’assurer que les commémorations soient grandioses. Toutefois la Belgique et les francophones de Belgique figurent pour l’heure parmi les grands absents de ce branle-bas de combat. Au Sud du pays, personne n’a été sollicité en vue de participer à ces grands préparatifs. Selon l’historienne Laurence Van Ypersele, l’optique du « vredestoerisme » adoptée par la Flandre est en fait utilisée en vue de récupérer ce message de paix et de le retourner contre la patrie belge (le patriotisme étant une valeur étroitement associée aux conflits armés, et particulièrement à la Grande Guerre)114. La situation actuelle de la Belgique, qui connaît une crise politique sans précédent liée à un mouvement flamand prônant une plus grande autonomie, voire une indépendance totale, n’est certainement pas étrangère à cette reprise en main régionale de la mise en valeur du patrimoine historique de la Grande Guerre.

  1.  Conclusion

La pratique de la Public History dans le Saillant d’Ypres a donc connu des évolutions remarquables depuis 1918. D’une part, une professionnalisation et une démocratisation accrue du tourisme ont fait se multiplier les structures d’accueil, les centres d’interprétation et les musées dans la région. D’autre part, alors que seuls les anciens combattants faisaient autrefois autorité en tant qu’interprètes du conflit, la « mémoire individuelle » comme filtre de l’histoire, ce sont dorénavant les historiens qui sont mis à contribution. En outre, l’intervention croissante d’autorités officielles a donné à la Public History un caractère politiquement connoté. Et si l’on constate que l’accent est dorénavant mis sur l’expérience flamande du conflit, le courant actuel promeut également une dimension européenne de cette expérience, favorisant la mise à égalité totale des combattants allemands et alliés.

Aux Etats-Unis, on a souvent plaidé en faveur d’une participation accrue des historiens dans le cadre du tourisme historique, secteur connaissant actuellement un succès sans précédent115. Dans le cas du Saillant d’Ypres, une prise de conscience relativement récente de l’importance -tant économique qu’historique- du patrimoine de la Grande Guerre a mené à la multiplication des initiatives et des réflexions dans ce cadre. Depuis quelques décennies, une série de projets ont en effet vu le jour. Beaucoup d’entre eux sont dirigés par les autorités locales et provinciales, ou encore par la région flamande ou -à un autre niveau- par l’Union européenne. Les collaborations avec des institutions scientifiques étrangères, telles que l’Imperial War Museum, au l’Australian War Museum, sont de plus en plus fréquentes, et l’on consulte des historiens de tous les horizons afin de mettre en œuvre une mise en scène et une interprétation du paysage mémoriel du Saillant d’Ypres. Toutefois, si ces initiatives ont bel et bien lieu dans le cadre du pacifisme -du « vredestoerisme »-, des récupérations politiques de la part du nationalisme flamand et parfois même anti-belge ont souvent lieu. Les points de vue pris en compte sont locaux, régionaux, et enfin largement transnationaux, mais l’Etat belge, pourtant victime de la première guerre mondiale avec ses populations nationales, reste étrangement absent de ce processus.

La région flamande prétend faire cavalier seul et exclure toute dimension « belge » du souvenir de la Grande Guerre en Flandre. Il s’agit d’autre part d’un secteur générant actuellement des revenus considérables –on estime à 35,2 millions d’euros le chiffre d’affaire généré par le tourisme de guerre dans le Westhoek en 2007116. La région flamande œuvre donc en vue de faire du Saillant d’Ypres le centre mondial du tourisme de paix. Dans une Belgique divisée, elle semble bien vouloir tirer parti de ce patrimoine historique, tout en excluant des représentations de celui-ci sa dimension nécessairement nationale. Le rôle joué par ces formes de Public History dans la (trans-)formation des identités et des mémoires collectives est potentiellement important et a suscité de nombreux débats117. Dans le cas qui nous intéresse, il semble évident qu’un message politique sous-tend les différentes représentations de la Grande Guerre. L’implication systématique des autorités, le cadre politique particulier de la Belgique, de même que la quasi inexistence d’une formation scientifique spécifique à la Public History, sont autant de facteurs expliquant cette forme récupération politique du passé. Récupération qui a lieu alors que, durant l’entre-deux-guerres, on ne semblait guère tenté de valoriser ce même passé, mais bien au contraire de valoriser un patrimoine plus foncièrement local et folklorique.



1 Selon l’historien Lynn H Nelson. dans NOIRET, S., « “Public History” e “storia pubblica” nella rete” », in Ricerche Storiche, Vol. 39, n° 2-3, mai-décembre 2009, p. 284.

2 KELLEY, R., « Public History: Its Origins, Nature, and Prospects », in The Public Historian, Vol. 1, n° 1, automne 1978, p. 16.

3 Olivier Dumoulin tend par exemple à assimiler Public History avec la seule Business History lorsqu’il parle de la création, aux Etats-Unis, de cabinets privés d’historiens travaillant sur commande. Ce secteur ne représente toutefois qu’un des multiples aspects de la Public History. DUMOULIN, O., Le rôle social de l’historien, de la chaire au prétoire, Paris, Albin Michel, 2003, chapitre 5.

4 Il s’agit de l’Universiteit Gent, de la Katholieke Univeristeit van Leuven, de l’Universiteit Antwerpen et de la Vrije Universiteit van Brussel. [http://www.ipg.ugent.be/home], consulté en janvier 2011. [http://onderwijsaanbod.kuleuven.be/syllabi/n/O0A26AN.htm], consulté en janvier 2011.

5 PROST, A., Douze leçons sur l’histoire, Paris, Editions du Seuil, 1996, p. 43.

6 Pratique que l’on peut définir comme suit : « When combined, heritage and tourism result in a particular type of travel aimed not at exploring the unknown or the exotic, but at learning, celebrating and displaying one’s relationship with the past ». PORTER, B. N., «Heritage tourism: conflicting identities and the modern world », in GRAHAM, B. & HOWARD, P. (dir.), The Ashgate research companion to Heritage and Identity, Aldershot-Burlignton, Ashgate, 2008, p. 268.

7 Seaton identifie le champ de bataille de Waterloo comme étant le premier à avoir donné lieu à une forme structurée et durable de tourisme, mais ce phénomène repose selon lui sur une tendance bien plus profondément ancrée dans la nature humaine, à savoir la fascination pour la mort. SEATON, A. V., « War and Thanatourism: Waterloo, 1815–1914 », in Annals of Tourism Research, Vol. 26, n° 1, 1999, pp. 130-158. Le site qui vit la défaite de napoléon, fait d’ailleurs l’objet d’une attention directe dans la toile (Digital Public History) : [http://www.waterloo1815.be/fr/waterloo/].

8 FIGAL, R., «Between War and Tropics: Heritage Tourism in Postwar Okinawa », in The Public Historian, Vol. 30, n° 2, mai 2008, pp. 83-84.

9 La notion de mémoire collective, omniprésente dans l’historiographie récente du conflit, pose un certain nombre de problèmes méthodologiques et conceptuels. Toute la difficulté de leur étude réside dans la mise en place d’un équilibre entre mémoires individuelles et collectives, qui sont à la fois indissociables et différentes. KANSTEINER, W., « Finding Meaning in Memory: A Methodological Critique of Collective Memory Studies », in History and theory, Mai 2002, Vol. 41, n°2, p. 185. Certains historiens critiquent d’ailleurs l’utilisation à outrance du terme ‘mémoires collectives’ et lui préfère dès lors celui de ‘collective remembrance’ qui insiste sur le caractère dynamique et actif de ces mémoires et sur ses agents. WINTER, J., Remembering the war: The Great War between history and memory in the 20th Century, New Haven, Yale University Press, 2006, pp. 4-5.

10 Voir notamment BENDER, B., Stonehenge: making spaces, Oxford, Berg, 1998. Il convient de garder à l’esprit les ambiguités qu’une telle notion recèle.

11 BEAUMONT, Joan, « Contested Trans-national Heritage: The Demolition of Changi Prison, Singapore », in International Journal of Heritage Studies, Vol. 15, n°4, juillet 2009, pp. 298-316.

12 BRAYBON, G., Evidence, history, and the Great War : historians and the impact of 1914-18, New York – Oxford, Berghahn, 2003, p. 8

13 Nom donné à ce secteur car il formait une saillie vers l’est à hauteur de la ville d’Ypres.

14 WILLSON, B., Ypres, the Holy Ground of British Arms, Bruges,Ch. Beyaert, The Saint Catherine Press, 1920, p. 13.

15 HORNE, J., « Corps, lieux et nation. La France et l’invasion de 1914 », in Annales. Histoire, sciences sociales, Vol. 55, n° 1, janvier-février 2000, p. 101.

16 « Interpellation de M. Glorie au gouvernement au sujet de sa politique par rapport aux régions dévastées et plus particulièrement par rapport à la région d’Ypres », in Annales parlementaire de Belgique, Chambre des Représentants,Bruxelles, Imprimerie du Moniteur belge, séance du 23 mars 1920, p. 707.

17 Prospectus de l’Ypres League, feuille volante non datée mais probablement de 1925. Reproduite sur le site : [http://www.aftermathww1.com/ypresl.asp], consulté en mars 2011.

18 En effet, dès lors que les dépouilles des défunts étaient destinées à reposer là où elles étaient tombées, une partie du travail de deuil nécessaire aux proches dut s’effectuer –lorsque cela était possible- sur place, notamment via le développement de pèlerinages d’endeuillés qui connurent un succès considérable. Voir notamment : LLOYD, D. W., Battlefield tourism, pilgrimage and the commemoration of the Great War in Great Britain, Australia and Canada1919-1939, Oxford, Berg, series « The legacy of the Great War », 1998.

19 WILLSON, B., Ypres, the Holy Ground of British Arms, op. cit., p. xi.

20 FLEMMING, A. , How to see the battlefields, with forty maps, London, Cassel & Co, 1919, “Foreword”, n.n.

21 MEIRE, J., De stilte van de Salient, herinnering van de eerste wereldoorlog rond Ieper, Tielt, Lannoo, 2003, p. 119.

22 La Cité, urbanisme, architecture, art public, reconstruction des régions dévastées, revue mensuelle, n° 1, juillet 1919, p. 1. Pour une histoire de la reconstruction en Belgique, voir notamment : SMETS, M. (dir.), Resurgam: La reconstruction après 1918 en Belgique, Bruxelles, Crédit communal, 1985.

23 MARTINEZ, A. H., « Conservation and Restoration in built heritage : a Western European perspective », in GRAHAM, B. & HOWARD, P. (dir.), The Ashgate research companion to Heritage and Identity, op. cit., pp. 246-249.

24 DENDOOVEN, D., Menin Gate & Last Post: Ypres as Holy Ground, Koksijde, De Klaproos, 2001, p. 20.

25 Conseil des ministres, séance du 16 janvier 1919, pp. 1-2. [Disponible en ligne sur le site des Archives Générales du Royaume : [http://arrow.arch.be/ddd/conseilF.htm], consulté en janvier 2011.

26 Dhuicque, E. « Le problème de la reconstruction dans la Flandre occidentale », in Mouvement communal, n° 1, mars 1919, p. 5.

27 Voir dans ce même numéro de Memoria e Ricerca, l’essai de Marie-Pierre Besnard sur la reconstruction de l’Eglise de Saint Lô en Normandie après la seconde guerre mondiale qui suscita un débat similaire.

28 Ieper Stadsarchief (Archives de la ville d’Ypres, situées Weverijstraat, 7, 8900 Ypres), Verslagen gemeenteraad Ieper/Boek 1/Séance du 23 février 1919, pp. 2-3.

29 Lettre de Lieutenant-Colonel canadien Beckles Willson au Field-Marshal Viscount French of Ypres, Dublin, le 6 juillet 1919. London, National Archives, Kew, WO 32/5569.

30 « Protestation », in Het Ypersche/La Région d’Ypres, 13 août 1921, p. 9.

31 « [T]hese areas were set aside because commercial operators, as at Hill 60 or Sanctuary Wood, realised that travelers would pay to see a battlefield in its ‘original state’ ». LLOYD, D. W., Battlefield tourism, ..., op. cit., p. 119.

32 SAINT BARNABAS SOCIETY, The Menin Gate Pilgrimage, St Barnabas 1927, London, His Majesty’s Printers, 1927.

33 Ieper Stadsarchief, Fonds Toerisme Looie /Boîte 9/ « Syndicat d’initiative 1929-1933 », feuilles volantes. Note datée du 10 septembre 1929, adressée au bourgmestre de la ville d’Ypres.

34 Voir site du Last Post Association. [http://www.lastpost.be], consulté en février 2011.

35 MONMARCHE, M., Belgique, Paris, Hachette, Coll. « Les guides Bleus », 1920, p. V ; EKSTEINS, M., « Michelin, Pickfords et la Grande Guerre: le tourisme sur le front occidental 1919-1991», in BECKER, J.-J., (et al), Guerre et cultures 1914-1918, Paris, Armand Colin, 1994, pp.422-423 ; CHAMPEAUX, A., « Les guides illustrés Michelin des champs de bataille 1914-1918 », in CANINI, G. (dir.), Mémoire de la Grande Guerre, actes du colloque de Verdun 1986, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1989, p. 348.

36 KOEN, B., « De terugkeer, aspecten van de herbevolking van Ieper na 1918 », in Ieper, de herrezenstad, de wederopbouw in Ieper na 14-18, Kortrijk, de Klaproos & In Flanders’ Fields, 1999, p. 15.

37 The pilgrim’s guide to the Ypres Salient, London, Talbot House, 1920, p. 50.

38 MORTON, H.V., « Creating the new Ypres, planning a city to arise out of the ashes of the old », in The Evening standard, 26 mai 1920. Coupure de presse dans: London National Archives, KEW, WO 32/5569.

39 « Yper Tuin 1921 », in Het Ypersche/La Région d’Ypres, 13 augustus 1921, p. 7

40 L’un de ces visiteurs, tombé par hasard le jour du Tuindag en 1924, exprime son désarroi : « I hope to revisit Ypres again, but not while the annual fair is held (…) I cannot think of Ypres as anything else but a glorious sepulcher of our wonderful dead, wherein such revelry is sacrilege », in The Ypres Times, Vol. 2, n° 4, octobre 1924, p. 92.

41 DE GRAEVE, A. G. , Une visite à l’Yser, Bruxelles, J. Félix éditeurs, s. d. [1919], p. 15.

42 Association de promotion du tourisme fondée en 1895, qui prenant en charge de nombreuses tâches pas encore assurées par les autorités officielles. Voir notamment : PAIROUX, A., Cent ans de tourisme à travers les publications du Touring Club Royal de Belgique, Louvain-la-Neuve, Mémoire, UCL, 1991-1992.

43 LEROY, Georges, « Voyages collectifs au front belge », in Bulletin officiel du Touring Club de Belgique (ci-après B.O.T.C.B.), XXVIème année, 15 juillet 1920, p. 329.

44 Une véritable ‘colonie’ britannique s’est établie à Ypres durant l’entre-deux-guerres, liée à l’Imperial War Graves Commission (IWGC) ou au tourisme de guerre. Voir : HEYVAERT, Bert, A little sprig of the Empire: de Britse kolonie in Ieper tijdens het interbellum (1918-1940), Leuven, Mémoire KUL, 2002.

45 Pour une histoire de l’IWGC, voir: LONGWORTH, P., The unending Vigil: A history of the work and policy of Commonwealth War Graves Commission 1917-1967, London, Constable, 1967.

46 LLOYD, D. W., Battlefield tourism,…, op. cit., pp. 35-39.

47 Voir notamment: CRANG, M., « Magic Kingdom or a quixotic quest for authenticity », in Annals of tourism research, Vol. 23, n° 2, 1996, pp. 415-431; COLE, Stroma, « Beyond authenticity and commodification », in Annals of tourism research, Vol. 34, n° 4, 2007, pp. 943–960.

48 « Wipers auto service », in Ypres Times, juillet 1923, n°8, p. 1.

49 Ainsi, un guide de 1920 précise bien dans sa préface que l’auteur, J. O. Coop « [is] greatly indebted to Lt.-Col. E. P. Johnson, for reading through the proofs and for valuable suggestions ». COOP, J. O., A short guide to the battlefields, where to go and how to see them, Liverpool, Daily Post Printers, [1920], hors numérotation.

50 LEROY, G., « Les bornes du front », in B.O.T.C.B. , XXVIIIème année, 1er janvier 1922, n°1, p. 20.

51 Ligue fondée en 1921 à Ypres par diverses personnalités britanniques, dont les objectifs multiples visaient à entretenir la mémoire de la guerre à Ypres et d’assurer un lien permanent entre cette ville et l’Empire britannique.CONNELLY, M., « The Ypres League and the commemoration of the Ypres Salient, 1914-1940 », in War in History, Vol. 26, n° 1, 2009, p. 59.

52 SEAUT, E., « Les bornes du front, la première borne anglaise », in B.O.T.C.B., XXIXème année, 1er septembre 1923, n°17, p. 406.

53 Annales parlementaires de Belgique, Chambre des représentants, Bruxelles, Imprimerie du Moniteur belge, session 1918-1919, séance du 2 juillet 1919.

54 En France, certaines zones, appelée « zone rouge », trop profondément touchées par la guerre n’ont pas été reconstruites. Voir : CLOUT, H., After the ruins: restoring the countryside of Northern France after the Great War, Devon, University of Exeter Press, 1996.

55 Ieper Stadsarchief/34 / 547.5/ « Oorlogsschade 1914-1918, Gebouwen (5) »/ Stadsmuseum.

56 Né à Manchester le 5 août 1891, L. N. Murphy sortit de la guerre avec le titre de Capitaine. Il épousa une Française en 1919 et séjourne quelques temps en France avant de devenir tour-opérateur, offrant des tickets All-in pour les champs de bataille. In Flanders Fields Documentatiecentrum, Dossier « L. N . Murphy »;

HEYVAERT, B., A little sprig of the Empire, …, op. cit., p. 36.

57 Ieper Stasarchief, Verslagen Gemeenteraad/Boek 6/Séance du 30-07-1928, pp. 123-125.

58 Ieper Stadsarchief, Fonds Toerisme Looie/Boîte 9/ « Syndicat d’initiative 1929-1935 », tract publicitaire pour le musée de guerre du Saillant d’Ypres, s.d.

59 Le centre de documentation du musée In Flanders’ Fields se situe Janseniusstraat, 9, 8900 Ypres, et est accessible au public le mercredi.

60 BUCKINX, R., Ypres and its surroundings, Ypres, Imprimerie Dumortier, [1936], publicité, hors numérotation.

61 BRANDT, Susanne, « Le voyage aux champs de bataille », op. cit., p. 413.

62 BRANDT, S., Von Kriegsschauplatz zum Gedächtnisraum, die Westfront 1914-1940, Baden-Baden, Nomos Verlagsgesellschaft, 2000, p. 145.

63 Voir: ARMEE BELGE, Les sites de guerre, campagne 1914-1918, Brochure n° 2 : Notices sur les Sites de guerre conservés, Bruxelles, Imprimerie du Ministère de la Défense Nationale, Publications du Service des Sites de guerre, 1924.

64 LLOYD, D. W., Battlefield tourism, …, op. cit., p. 131.

65 REMOND, R., «Mémoires de guerres», in DEN BOER, P. & FRYHOFF, W. (dir), Willem, Lieux de mémoire et identités nationales, Amsterdam, Amsterdam University Press, 1993., p. 270.

66 Le regain d’intérêt pour la Grande Guerre, au niveau historiographique, voit l’introduction d’une perspective « marxiste », menant à une configuration sociologique de l’historiographie de la Grande Guerre. Voir : PROST, A. & WINTER, J., Penser la Grande Guerre, un essai d’historiographie, Paris, Seuil, Coll. « L’histoire en débats », 2004, pp. 33-44.

67 DEENDOVEN, D., Ypres as Holy Ground,…, op. cit., p. 129.

68 Pour beaucoup d’anciens combattants approchant de la fin de leur vie, un besoin se fait sentir de revenir sur leur passé et, souvent, de visiter les lieux où ils ont combattu. SMITH, V. L., « War and tourism: An American ethnography », in Annals of Tourism Research, Vol. 25, n° 1, 1998, pp. 202-227.

69 PROST, A. & WINTER, J., Penser la Grande Guerre, ..., op. cit., p. 34.

70 Ieper Stadsachief, Fonds Toerisme Looie/Boîte 32/dossier « Het toerisme in Ieper 1960 ».

71 Oorlog en vrede in de Westhoek 14-18, voorstelling project, Diksmuide, Provincie West-Vlaanderen, 2002, p. 5.

72 PROST, A. & WINTER, J., Penser la Grande Guerre, un essai d’historiographie, op. cit., p. 34.

73 Ieper Stadsarchief/Boîte 255/« Toerisme 1964 – algemene organisatie plechtigheden 1914-1918 »/« Ieper vijftig jaar later, algemene organisatie ».

74 Ibidem.

75 Son importante collection de livres a d’ailleurs été léguée au In Flanders’ Fields Documentatiecentrum en 1992. [http://www.wo1.be/ned/database/dbDetail.asp?TypeID=17&SubTypeID=48&ItemID=6100], consulté en janvier 2011.

76 Ieper en de frontstreek 1914-1918, Saillant d’Ypres, Ypres Salient, Ypern Bogen, Ypres, s. éd., s. d.

77 « ermede rekening houdende dat de generatie die rechtstreeks bij de gebeurtenissen was betrokken verdwijnt. De noodzakelijkheid dringt zich dus op voor de jongere generaties een wetenschappelijk-historische en zeer aanschouwelijke voorstelling ervan te geven.” Ieper Stadsarchief/Boîte 227/« Herinneringsmuseum 14-18 ».

78 Ieper Stadsarchief/ Boîte 257/«Toerisme 1965, Activiteiten 1914-1918 »/« Organisatie tentoonstelling “de doodstrijd van Ieper” ».

79 Stad Ieper gemeentebestuur, jaarverslag over het beheer en de toestand der stadszaken, 1964-2000. Ieper Stadsarchief.

80 Archives de la Ville d’Ypres, situées situées Weverijstraat, 7, 8900 Ypres.

81 NOIRET, S., «’Public History’ e ‘Storia Pubblica’ nella rete », op. cit., p. 299.

82 TODMAN, D., Representations of the First World War in British popular culture, 1918-1998, Cambridge, Cambridge University Press, 2003, p. 257.

83 LIDDINGTON, J., « What is public history ? Publics and their pasts, meanings and practices », in Oral History, vol. 83, printemps 2002, p. 83.

84 Voir notamment l’article de Serge Noiret consacré aux musées de guerres en ligne, en italien : NOIRET, S. , « I musei della Grande Guerra sul Web », in Memoria e Ricerca, n° 7, 2001, pp.185-190.

85 [http://www.cwgc.org/debt_of_honour.asp?menuid=14], consulté en janvier 2011. D’autres banques de données du même type existent, notamment pour la Belgique, l’Allemagne, la France, etc. Une liste des liens vers ces banques de données : [http://www.wo1.be/eng/zoeken/ZoekInDBExtern.htm].

87 Entretien avec Aleid Hemeryck, coordinatrice du projet “Oorlog en Vrede in de Westhoek”, 7 juillet 2005.

88 Voir le site officiel de la Tour de l’Yser :[ http://www.ijzertoren.org/], consulté en janvier 2011.

89 Le Pool of Peace est un cratère formé par l’explosion d’une mine et qui est à l’heure actuelle visité par de nombreux touristes. Entretien avec André de Bruyn, guide des champs de bataille pour Salient Tours, 22 juin 2005.

90 « vredesconcerten (…) een oproep tot oorlog aan de oorlog ».  «Voorstelling project “oorlog en vrede in de Westhoek”», Dixmude, Provincie West-Vlaanderen, 2002, p. 5.

91 C’est le cas de l’ouvrage de Mariette Jacobs, Zij, die vielen als helden, …, op. cit., qui est un inventaire des mémoriaux des deux guerres se trouvant en Flandre occidentale et de leur signification . Certains guides, sous forme de « routes » ont également été édités par la province ou avec sa collaboration. Nous en reparlerons plus loin.

92 Entretien avec Aleid Hemeryck, coordinatrice du projet “oorlog en vrede in de Westhoek”, 7 juillet 2005.

93 « Met vredeseducatie willen we in de eerste plaats kinderen en jong volwassenen bereiken door samen te werken met het onderwijs ». «Voorstelling project “Oorlog en vrede in de Westhoek”», op. Cit., p. 9.

94 DENDOOVEN, D. & DEWILDE, J., De wederopbouw in Ieper, een wandeling, Bruges, Ed. Colofon, provincie West-Vlaanderen, 1999.

95 Voir par exemple : HOLT, T. & V., Major and Mrs Holt’s battlefield guide to the Ypres Salient, London, Leo Cooper, 3ème éd. Revue, 2003. [http://www.guide-books.co.uk/authors.html], consulté en janvier 2011.

96 C’est le cas notamment de la série « Battleground Europe », au sein de la collection Pen & Swords de la maison d’édition anglaise Leo Cooper, qui édite un nombre impressionnant de guides spécialisés des champs de bataille. Pour une liste des guides dédiés à la première guerre mondiale dans le cadre cette collection, voir : [http://www.pen-and-sword.co.uk/?series_id=28], consulté en jenvier 2011.

97 [http://www.travel55.co.uk/leger_page_battlefields.html], consulté en janvier 2011.

98 Prospectus pour « Salient Tours », tour-opérateur vers les champs de bataille du Saillant d’Ypres.

99 Prospectus pour « Flanders Battlefield Tour ».

100 (« Salient Museum 1914-1918 » en 1972, « Herinneringsmuseum Ypres Salient » en 1984). Voir: «Oorlogsmuseums in Ieper», notes personnelles de Roger Verbeke, conservée au In Flanders’ Fields Documentatiecentrum (situé Janseniusstraat, 9, 8900 Ypres).

101 MEIRE, J., De stilte van de Salient, ..., op. cit., p.260.

102 MARTIN, David, “Voices of War”, in Museum Practice, Vol. 5, n° 1, p. 30.

103 [http://www.inflandersfields.be/].Une revue de ce site a été effectuée sur [www.publichistory.org].

[http://www.publichistory.org/reviews/view_review.asp?DBID=107], consulté en janvier 2001.

104 PROST, A. & WINTER, J., Penser la Grand Guerre,…, op. cit., p. 256. Voir aussi le site officiel de l’Historial, musée disposant d’un centre de documentation et d’un centre international de recherche dirigés par certains des historiens de la Grande Guerre les plus réputés au niveau international : [http://www.historial.org/], consulté en mars 2011.

105 [http://www.prixdesmusees.be/], consulté en janvier 2011.

106 [http://www.passchendaele.be/eng/archivesEN.html], consulté en janvier 2011.

107 Pour une présentation de ce musée, voir MEIRE, J., De stilte van de Salient,…, op. cit., pp. 249-259.

108 [http://www.erfgoedcelieper.be/], consulté en janvier 2011.

109 [http://www.historischekranten.be/], consulté en janvier 2011.

110 [http://www.wederopbouw.be/index.php], consulté en janvier 2011.

111 [http://www.interreg-fwvl.eu/fr/projet-detail.php], consulté en janvier 2011.

112 « À Ypres, In Flanders Fields triple sa surface », in Le Soir, 17 janvier 2011.

113 HAVAUX, P., « Grande Guerre : la Flandre à l’offensive », in Le Vif l’Express, 7-13 novembre 2008, pp. 20 et 22.

114 Ibidem, p. 23.

115 Voir notamment: MOONEY-MELVIN, P., « Harnessing the Romance of the Past: Preservation, Tourism, and History », in The Public Historian, Vol. 13, n° 2, printemps 1991, pp. 35-48.

116 HAVAUX, P., « Grande Guerre : la Flandre à l’offensive », op. cit., p. 22.

117 GLASSBERG, D., « Public History and the Study of Memory », in The Public Historian, Vol. 18, N° 2, printemps 1996, pp. 11-14.